Identité électronique : Nous c’est nous
Si l’identité est essentielle pour les échanges avec les autres depuis toujours, l’époque contemporaine lui donne de nouvelles dimensions. Dans ses travaux, la spécialiste Fanny Georges rappelle que nous avons maintenant des identifiants sur internet, et non plus un seul nom, auxquels s’ajoutent de multiples traces électroniques qui complètent l’identité de base. Etre soi est désormais une question de description et d’activité, avec des éléments fixes et d’autres variables. L’état civil et les registres ordinaires sont habitués à enregistrer les évolutions familiales, professionnelles, les changements d’adresse, avec un certain espace dans le temps. Le numérique ajuste l’identité en permanence.
Une identité numérique supervisée par l’Etat revient aux fondamentaux anciens, pour l’administration répertoriant ses administrés, avec la carte d’identité historique. De ce point de vue, il n’y a pas de distinction entre l’identité légale et l’identité numérique. Son utilisation généralisée sur le web peut lui ajouter des pages volontaires ou involontaires.
Sur le plan culturel, notre époque se trouve prise entre deux grandes tendances contradictoires: les traces ADN peuvent déterminer que Monsieur X est bien lui-même. Pourtant, il aura quand même peur qu’on usurpe son identité dans le monde virtuel. En qualité d’acteur essentiel de la vie publique, l’Etat doit protéger toutes les dimensions de l’identité individuelle, une mission qui va sans doute au-delà de la simple délivrance d’un papier ou d’un code.
QUESTION DE CONFIANCE
Identification, consentement, circulation, les données informatiques surfent sur la notion de confiance. Imaginer une administration détenant tout le processus d’identification numérique peut susciter une méfiance politique, tout comme un contrôle absolu de ces éléments par des mains strictement privées. «Le législateur pourrait s’inspirer du partage des tâches prévu en Suisse depuis l’adoption de la loi fédérale sur les services d’identification électrode l’aviation civile) dans leur carte d’identité». Beaucoup de gouvernements font encore la distinction entre la carte d’identité informatisée et un véritable système d’identification électronique à l’automne 2019», peuton lire dans un document de travail parlementaire en France. Cependant, l’Union européenne reconnaît que la définition de l’identité numérique varie considérablement entre ses membres
On parle au mieux d’interopérabilité des systèmes. Les Vingtsept ont théoriquement jusqu’au mois d’août 2021 pour au moins «intégrer une puce conforme à la norme ICAO (OACI en français: Organisation internationale de l’aviation civile) dans leur carte d’identité». Beaucoup de gouvernements font encore la distinction entre la carte d’identité informatisée et un véritable système d’identification électronique.